Tarroux, Émilie (2011). Les liens racinaires chez le pin gris. (Thèse de doctorat). Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Repéré dans Depositum à https://depositum.uqat.ca/id/eprint/12
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Résumé
L'objectif principal de cette thèse était d'améliorer nos connaissances sur les liens racinaires chez le pin gris (Pinus banksiana). Les travaux ont porté sur les facteurs favorisant la formation de greffes et l‟influence des greffes sur la dynamique des peuplements forestiers. Les arbres sont habituellement considérés comme des entités discrètes en compétition pour les ressources. Les précédents travaux ont pourtant démontré que les arbres pouvaient partager leur système racinaire via la formation de greffes et que des arbres ainsi reliés étaient capables de se transférer de l‟eau, des sucres ou des nutriments. De cette manière, les arbres seraient directement capables d'interagir les uns avec les autres.
Pour étudier les greffes racinaires, 15 peuplements de pin gris matures (272 arbres) ont été excavés à l'aide d'une pompe hydraulique. Les caractéristiques des sites ont été enregistrées (type de sol, distance entre les arbres, densité, etc.) pour déterminer leur influence sur la fréquence des greffes. Des analyses dendrochronologiques nous ont permis de dater les arbres, les racines et les greffes et la mesure des cernes de croissance des arbres (dendrochronologie) de déterminer l'influence des greffes sur la croissance des arbres inter-reliés. Parmi les 15 sites excavés, 3 étaient des peuplements ayant subi une éclaircie commerciale quelques années auparavant (entre 6 et 9 ans avant). L'analyse de ces sites nous a permis de déterminer l'influence des greffes sur la réponse des peuplements à l'éclaircie.
Nos résultats ont montré que le pin gris était une espèce produisant beaucoup de greffes (entre 20 et 70% des arbres étaient greffés, 55% en moyenne) et que des greffes existaient dans tous les types de peuplements (peuplements naturels et plantations). Contrairement aux idées reçues, les greffes racinaires ne seraient donc pas des phénomènes rares ou anecdotiques, et font partie intégrante de la vie des arbres. La distance entre les arbres était le principal facteur régissant la formation de greffes. Dans les plantations, la fréquence des greffes était moins élevée que dans les peuplements naturels, ce qui est probablement dû à la distribution moins contagieuse des arbres. Le sable étant plus abrasif que l'argile, les greffes se produisaient plus rapidement dans ce type de sol. De plus, le nombre de greffes et le pourcentage d'arbres greffés étaient aussi plus élevés dans le sable. Si les caractéristiques des sites ont eu une forte influence sur la production de greffes, la distance génétique entre les individus a également influencé significativement la présence de greffes. Un peuplement ou une espèce uniforme d'un point de vue génétique devrait donc démontrer une plus grande fréquence de greffes racinaires. Notre étude sur l'effet des greffes sur la croissance diamétrale des arbres a finalement démontré que la croissance des arbres diminuait drastiquement durant la période de formation des greffes. Comme le bois produit pour une greffe est plus complexe que du bois normal, la formation de greffes serait un processus énergétiquement couteux. En dehors des périodes de formation des greffes, il s'avérait cependant que les arbres greffés avaient une croissance égale voire supérieure aux arbres non-greffés. Grâce à la formation d'un système racinaire commun couvrant une plus grande superficie, les greffes racinaires pourraient favoriser l'exploitation des ressources. S'il est difficile de conclure avec exactitude que les greffes ont eu un effet positif sur la croissance des arbres, il s’avérait cependant qu'elles aidaient à la survie des individus les plus faibles. Beaucoup de souches greffées avec des arbres vivants survivaient des années grâce au transfert via les greffes. Les greffes racinaires pourraient donc aider à maintenir l'intégrité du peuplement et la survie de l'espèce, en conservant les ressources d'un site au sein de l'espèce et en empêchant la colonisation du milieu par des racines ou semis d'autres espèces. Comme les greffes avantagent la survie et possiblement la croissance des arbres, une espèce ayant tendance à former des greffes aurait un avantage d'un point de vue évolutif sur les autres espèces. Les espèces ne produisant pas de greffes et/ou les arbres non greffés seraient éliminés du milieu. Cela pourrait expliquer pourquoi les pins gris étaient capables de produire des greffes racinaires peu importe leurs conditions de croissance. Dans les plantations sur argile, des greffes se sont mêmes produites entre des arbres très éloignés, à des distance allant jusqu'à près de 3m. La réponse des individus greffés était différente de celle des individus non greffés suite à une éclaircie commerciale. En effet, à partir de la 4ième année suivant l'éclaircie, les arbres greffés avaient une croissance inférieure aux arbres non-greffés et ce dû au fait que les racines et les souches des arbres coupés survivaient en drainant une partie des ressources mises en commun, limitant ainsi la croissance des arbres laissés debout. De manière générale donc, les arbres greffés semblent réagir à un stress plus comme une communauté que comme des individus à part entière. Les arbres greffés semblent perdre leur individualité et ne plus être en compétition les uns envers les autres.
La présente étude a permis d'approfondir les connaissances liées à la formation de greffes racinaires, sur leur signification écologique et leur influence sur nos pratiques d'aménagement sylvicole. Bien que cette étude s'intéressait particulièrement au pin gris, les connaissances acquises sont probablement applicables à toutes les espèces produisant des greffes racinaires.
Type de document: | Thèse ou mémoires (Thèse de doctorat) |
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Directeur de mémoire/thèse: | Desrochers, Annie |
Informations complémentaires: | Comprend des résumés en français et en anglais. Thèse présentée comme exigence partielle du doctorat en sciences de l'environnement. Comprend des réf. bibliogr. (p. 101-114). |
Mots-clés libres: | greffe racinaire racine pin gris excavation dendrochronologie peuplement dynamique competition eclaircie commercial |
Divisions: | Forêts > Doctorat en sciences de l'environnement |
Date de dépôt: | 06 déc. 2011 19:08 |
Dernière modification: | 05 mai 2020 17:38 |
URI: | https://depositum.uqat.ca/id/eprint/12 |
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