Nadon Legault, Èva-Marie (2020). Perceptions des femmes iiyiyuu-iinuu du programme de sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris. (Mémoire de maîtrise). Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Repéré dans Depositum à https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1232
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Résumé
Les femmes autochtones ont vécu les assauts des politiques coloniales de dépossession territoriale et d’assimilation culturelle de façon particulière. Leurs contributions, leurs savoirs et leurs activités ont été effacés de l’histoire au profit des expériences des hommes. Cela s’explique en partie par le fait que la majorité des recherches ont longtemps été réalisées par des hommes allochtones. Malgré les obstacles à la survie de leur identité et de leur culture, les femmes autochtones ont su maintenir un lien fort au territoire, et les femmes iiyiyuu-iinuu n’y font pas exception.
Le Programme de sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris (PSR) a été négocié par les Cris dans le cadre de la Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ) signée en 1975. Le PSR a pour but de garantir un revenu de base aux personnes vivant sur le territoire et pratiquant un mode de vie traditionnel basé sur la chasse, la pêche et le piégeage. Or, les femmes iiyiyuu-iinuu n’ont pas été spécifiquement consultées dans le processus menant à l’instauration de ce programme, ni dans le cadre des révisions subséquentes.
L’objectif principal de ce projet de recherche était de recueillir les perceptions des femmes iiyiyuu-iinuu du PSR. Pour ce faire, il était primordial de documenter leur relation au territoire, leurs activités et leur participation à la gestion du territoire. L’analyse des transcriptions d’entrevues individuelles et de groupes de discussion a révélé que le lien que les femmes iiyiyuu-iinuu entretiennent avec le territoire est profond, intime et vivant. Le territoire représente pour elles un lieu de guérison, de transmission des savoirs traditionnels et s’avère fondamental dans leur identité, en plus de favoriser la cohésion familiale. De l’artisanat au piégeage, en passant par la collecte de bois et de plantes, la préparation du gibier et le soin des enfants, à la chasse et à la pêche, les activités traditionnelles pratiquées par les femmes sont nombreuses et variées.
Bien que le rôle que jouent les femmes iiyiyuu-iinuu sur le territoire soit essentiel à la survie de leurs familles, elles ont généralement peu de place dans les sphères décisionnelles en lien avec le territoire et la gestion des ressources. Elles sont peu consultées par les tallymen (maîtres de trappe) et participent rarement aux consultations menées par les industries extractives dans les communautés.
Alors que certaines femmes iiyiyuu-iinuu se sont dites satisfaites du PSR, d’autres ont exprimé des doléances concernant la structure et les règles du programme, leurs besoins et leurs réalités n’étant pas suffisamment pris en considération. Pour plusieurs, par exemple, le critère d’éligibilité au PSR qui exige du demandeur d’être chef de famille entrave dans plusieurs cas l’accès au programme pour les femmes qui ne sont généralement pas considérées comme pourvoyeuses principales. De plus, ce critère a pour effet de permettre à des femmes allochtones qui ont un conjoint cri d’être prestataires, tandis que des femmes iiyiyuu-iinuu ayant un conjoint allochtone se voient refuser l’accès au PSR. Cette pratique était perçue comme discriminatoire par plusieurs participantes. Les femmes ont souligné que les allocations n’étaient pas toujours suffisantes pour combler les frais liés à la vie sur le territoire et que les modalités de versement n’étaient pas adaptées à leurs besoins, ce qui causait des situations d’insécurité financière. Une confusion par rapport aux règles et aux activités admissibles au PSR a été manifestée par plusieurs participantes. Nombre d’entre elles ont aussi mentionné avoir peu de place pour s’exprimer au sein des instances
décisionnelles en lien avec la gestion du territoire et que leur voix était peu écoutée. La situation précaire des aînés prestataires et l’avenir des jeunes en lien avec la transmission des savoirs traditionnels étaient des sources de préoccupation.
Les femmes iiyiyuu-iinuu rencontrées souhaitent être entendues et ont suggéré des pistes d’amélioration du PSR. Par exemple, elles ont proposé que les critères d’admissibilité soient révisés afin de préserver l’objectif initial du PSR qui est de permettre et d’encourager la poursuite du mode de vie traditionnel. Elles souhaitent en
outre que les femmes et les jeunes soient consultés de façon systématique en ce qui a trait à la gouvernance du territoire, incluant le fonctionnement du PSR. La participation d’au moins une femme et d’une personne représentant les jeunes au sein du conseil d’administration du PSR a été recommandée. Il a été suggéré que des mesures incitatives pour les jeunes soient mises en place afin de faciliter leur participation au programme et de favoriser l’apprentissage des savoirs traditionnels. Les participantes
ont souligné l’importance d’accorder une attention particulière à la situation des aînés en établissant des mesures qui visent à reconnaître leurs savoirs et leur contribution à la communauté et à favoriser leur occupation du territoire. Plus précisément, elles ont proposé d’adopter une mesure qui permettrait aux jeunes d’accompagner les aînés sur le territoire, ce qui servirait à apporter de l’aide aux aînés tout en permettant aux jeunes d’acquérir de l’expérience et des savoirs traditionnels en lien avec le territoire.
Type de document: | Thèse ou mémoires (Mémoire de maîtrise) |
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Directeur de mémoire/thèse: | Basile, Suzy |
Codirecteurs de mémoire/thèse: | Asselin, Hugo |
Mots-clés libres: | culture crie, femmes autochtones, mode de vie traditionnel, sécurité du revenu,utilisation du territoire |
Divisions: | Études autochtones > Maîtrise en études autochtones |
Date de dépôt: | 12 août 2020 15:35 |
Dernière modification: | 12 août 2020 15:35 |
URI: | https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1232 |
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