Chavel, Émilie (2018). Étude des facteurs affectant la détection et rôle de la quantité d'habitat sur les petits mammifères à faible capacité de dispersion en paysage perturbé du Québec. (Thèse de doctorat). Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Repéré dans Depositum à https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1264
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Résumé
Les stratégies d'aménagement écosystémiques doivent s'adapter à la complexité des relations entre la biodiversité et l'habitat. Au Canada, ces stratégies visent à s'inspirer des patrons de feux qui sont à la base de la dynamique fonctionnelle de la forêt boréale. Plusieurs études ont donc tenté de caractériser la dynamique des îlots créés par processus naturels ou anthropogéniques, comparée à celle observée en forêt continue. Très peu se sont pourtant attardées à la comparaison directe entre des îlots résiduels post-feu et des îlots de rétention post-coupes. Dans cette thèse, nous avons donc voulu pallier ce manque en évaluant la pertinence de la rétention d'arbres dans des chantiers de coupe avec protection et régénération des sols à maintenir une petite faune à faible capacité de dispersion, par rapport à des îlots post-feu. Pour ce faire, nous avons mené quatre sessions d'échantillonnage dans 60 sites répartis entre des îlots résiduels de vieille forêt dans des parterres de feu et de coupes forestières, avec pour témoins des massifs de vieilles forêts continues dans la pessière noire du nord-ouest
du Québec, au cours des étés 2013 et 2014.
Dans un premier temps, nous avons voulu explorer l'impact des méthodes d'échantillonnage sur le paramètre de détection des modèles d'occupation, et évaluer la pertinence des méthodes auditives (point d'écoute et repasse) pour étudier l'occupation de sites de l'écureuil roux d'Amérique. Selon nos résultats, les méthodes auditives moins invasives engendrent des probabilités de détection comparables à celles obtenues par la capture vivante.
Nous avons poursuivi avec les réponses des petits mammifères à la quantité de forêt en termes d'occupation de site, de colonisation et d'extinction, afin de fournir des pistes robustes pour un aménagement écosystémique du territoire. L'objectif principal était de modéliser les relations entre la quantité de forêt boréale et l’occurrence de petits mammifères, après avoir contrôlé l'influence de variables locales telles que le bois mort, sur l'occurrence de ces espèces. La quantité d'habitat (exprimée en pourcentage de forêt) a été mesurée dans 100 périmètres circulaires et concentriques (rayon entre 50 et 5000m), centrés sur chacune des grilles de capture. A l'issue de ce chapitre, nous avons mis en évidence des relations négatives entre l'occupation de sites par les petits mammifères et la quantité de forêt, résultats peu courants dans la littérature et rarement discutés. Nous soupçonnons que la faible densité des populations échantillonnées, et donc la distribution clairsemée des individus, a pu influencer les patrons de sensibilité à la quantité d'habitat disponible.
Le dernier chapitre mise sur une approche similaire à celle du paragraphe ci-dessus, à l'exception que nous nous sommes penchés sur des paires d'espèces et non des espèces individuelles. Nous avons testé la sensibilité de la co-occurrence de deux espèces à la quantité d'habitat mesurée dans les 100 mêmes périmètres que précédemment décrits. Ici nous avons questionné la capacité de la rétention en CPRS à satisfaire les besoins des deux espèces associées aux vieilles forêts (grand polatouche et campagnol à dos roux de Gapper), en présence d'une espèce ubiquiste, plus généraliste et opportuniste (écureuil roux d'Amérique et musaraigne cendrée). Soutenant l'inefficacité des îlots post-coupe, en terme d'isolement des îlots rémanents et de quantité d'habitat avoisinante à maintenir les grands polatouches, ce chapitre offre donc plusieurs pistes de recherche quant à la configuration spatiale des îlots de rétention au sein de parterres de coupe.
Une annexe présente enfin un travail collaboratif entre deux équipes de recherche qui visait à savoir si les petits mammifères boréaux représentaient des disséminateurs de cryptogammes. Par le brossage du pelage de 99 individus, appartenant à 5 espèces différentes (Glaucomys sabrinus, Myodes gapperi, Peromyscus maniculatus, Phenacomys ungava et Tamisciurus hudsonicus) et attrapés sur site, nous avons fait germer 172 propagules/diaspores en laboratoire, appartenant à 7 espèces distinctes de cryptogammes. Ces résultats soulignent l’importance des petits mammifères et de leur dynamique de déplacement quant à la régénération de la matrice suite à une perturbation majeure.
Au terme de cette thèse, nous apportons notre contribution au méta-projet qui visait à mieux comprendre l’importance des îlots de rétention dans une dynamique postperturbation. Nos travaux soulignent l'importance de considérer à la fois les échelles locales et du paysage, tout en maintenant une quantité de peuplements forestiers âgés, de préférence continus, pour maintenir une biodiversité certes à faible capacité de dispersion mais au coeur de la dynamique régénératrice des forêts boréales.
Type de document: | Thèse ou mémoires (Thèse de doctorat) |
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Directeur de mémoire/thèse: | Imbeau, Louis |
Codirecteurs de mémoire/thèse: | Mazerolle, Marc J. et Drapeau, Pierre |
Mots-clés libres: | Aménagement écosystémique, Coupe avec Protection et Régénération des Sols (CPRS), Îlots résiduels, Perturbations naturelle et anthropique, Pessière noire à mousse, Petits mammifères, Quantité d'habitat, Rétention variable |
Divisions: | Forêts > Doctorat en sciences de l'environnement |
Date de dépôt: | 24 févr. 2021 16:08 |
Dernière modification: | 24 févr. 2021 16:08 |
URI: | https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1264 |
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