Effets cumulatifs des changements environnementaux sur la valeur des paysages autochtones en zone boréale.

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Bélisle, Annie Claude (2022). Effets cumulatifs des changements environnementaux sur la valeur des paysages autochtones en zone boréale. (Thèse de doctorat). Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Repéré dans Depositum à https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1336

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Résumé

Les paysages boréaux se transforment sous l’effet des changements climatiques et de
l’exploitation des ressources naturelles. Les peuples autochtones, qui entretiennent une
relation étroite au territoire, sont exposées à ces changements qui affectent plusieurs
aspects de leur vie. La mise en commun des savoirs autochtones et scientifiques peut
contribuer à mieux comprendre les effets des changements et à en limiter les
conséquences. Cette recherche a été réalisée en partenariat avec la communauté
anicinape de Pikogan (Première Nation Abitibiwinni) et la communauté crie d’Oujé-
Bougoumou (Ouje-Bougoumou Cree Nation). Toutes deux ont leur territoire situé en
forêt boréale au Québec. L’objectif principal était d’analyser les effets cumulatifs des
changements environnementaux sur les paysages boréaux depuis la frontière entre les
systèmes de connaissances autochtones et scientifiques. Les objectifs spécifiques
étaient de (1) conceptualiser la valeur des paysages autochtones et ses déterminants; (2)
concevoir un « objet frontière » qui fait le pont entre les perspectives autochtone et
scientifique; (3) faire le portrait de l’état actuel du territoire; (4) mettre en commun les
projections d’un modèle de simulation des paysages forestiers et les savoirs d’experts
autochtones dans un modèle probabiliste; et (5) projeter les effets cumulatifs des
changements environnementaux sur la valeur des paysages autochtones. La méthodologie est de type séquentiel mixte. D’abord, des données qualitatives ont
été recueillies à partir d’entrevues semi-dirigées et d’exercices de cartographie
participative avec les experts autochtones de l’utilisation du territoire des deux
communautés partenaires. Des analyses thématiques ont fait émerger un cadre
d’analyse de la valeur des paysages. Les données terrain ont ensuite été combinées à
des données bibliométriques afin de synthétiser les perspectives autochtone et
scientifique sous la forme de modèles conceptuels de type Driver Pressure State Impact
(DPSI). Des indicateurs quantitatifs de l’état du territoire ont été développés et utilisés
pour construire une typologie des terrains de trappe familiaux. Enfin les paysages
forestiers ont été simulés selon divers scénarios de foresterie et de changements
climatiques dans le modèle de simulation des paysages forestiers LANDIS-II. Les
projections ont été soumises au jugement des experts autochtones de l’utilisation du
territoire lors d’ateliers d’élicitation de probabilités conditionnelles. Les projections du
modèle et les jugements d’experts ont été intégrés dans un réseau bayésien. Les résultats sont présentés dans quatre articles scientifiques (Chapitres II à V). Le
cadre d’analyse développé aborde la valeur des paysages en fonction de son potentiel
à soutenir les pratiques importantes pour les communautés : la chasse à l’orignal, la
chasse à l’outarde, la pêche, la trappe, le ressourcement et l’éducation (Chapitre II). La
valeur du paysage y est décrite en quatre dimensions, soit l’abondance des ressources,
l’accès au territoire, la qualité des ressources et l’appréciation de l’expérience vécue
sur le territoire. Les convergences et les complémentarités entre les perspectives autochtone et
scientifique ont été identifiées en comparant les modèles DPSI (Chapitre III).
L’influence de la récolte ligneuse, de la sylviculture et des changements dans la répartition des espèces, ainsi que la structure d’âge de la forêt, la santé de la faune et la qualité de l’eau sont ressortis comme des intérêts convergents. Un intérêt plus grand pour les effets des mines, des lignes à haute-tension et des chemins forestiers est ressorti du modèle autochtone. Un intérêt plus grand pour les changements climatiques,
les incendies forestiers, l’état des sols forestiers et la diversité biologique est ressorti
du modèle scientifique.
Quatre types de terrains de trappe ont été décrits à partir d’indicateurs quantitatifs
(Chapitre IV). Les indicateurs comprennent par exemple la proportion de forêts
matures, la densité du réseau routier et la proportion de forêts issues de reboisement.
La typologie indique que les stratégies d’aménagement du territoire tendent à creuser les écarts entre l’état des terrains de trappe familiaux au sein d’une même communauté. Les projections du modèle LANDIS-II indiquent que sous les effets cumulatifs des
changements environnementaux, les paysages font face à une transition rapide vers des forêts plus jeunes et plus feuillues (Chapitre V). Les changements sont attribuables à l’action combinée des changements climatiques, de la récolte ligneuse et de l’augmentation de l’activité des incendies forestiers dans certaines régions.
L’abondance des animaux à fourrure pour la trappe (particulièrement de la martre), de l’orignal pour la chasse et des lieux de ressourcement seraient parmi les valeurs les plus vulnérables.
Les contributions de cette recherche à l’avancement des connaissances s’inscrivent
dans trois domaines des sciences de l’environnement. (1) Le cadre d’analyse de la
valeur des paysages développé est à la fois cohérent avec les préoccupations et savoirs
des communautés et assez général pour guider d’autres recherches et études d’impacts
dans des contextes similaires. (2) Cette recherche contribue au développement de la recherche collaborative en contexte autochtone. L’originalité des travaux réside dans
la combinaison des approches et des méthodes, notamment le développement des
perspectives et la cocréation des connaissances. (3) La méthode développée pour évaluer les effets cumulatifs des changements environnementaux en mettant en
commun les savoirs autochtones et scientifiques est originale et novatrice. Elle ouvre
la voie à une intégration plus riche de diverses formes de connaissances dans les
modèles environnementaux.
Les résultats présentés sont utiles aux communautés autochtones pour guider la mise en place de mesures d’atténuation et d’adaptation. Ils mettent en évidence l’importance de considérer l’échelle du terrain de trappe dans l’aménagement du territoire et appuient la nécessité de diminuer l’influence de la foresterie sur les paysages. Ces travaux encouragent l’engagement des institutions autochtones et de recherche dans des partenariats et suggèrent quelques éléments facilitant la collaboration.

Type de document: Thèse ou mémoires (Thèse de doctorat)
Directeur de mémoire/thèse: Asselin, Hugo
Mots-clés libres: Valeur des paysages; recherche collaborative; savoirs autochtones; effets cumulatifs; perturbations; changement climatique; forêt boréale; peuples autochtones
Divisions: Forêts > Doctorat en sciences de l'environnement
Date de dépôt: 10 mars 2022 14:50
Dernière modification: 10 mars 2022 14:50
URI: https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1336

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