L'implication politique des femmes autochtones au Québec / Political involvement of Indigenous women in Quebec

Téléchargements

Téléchargements par mois depuis la dernière année

Maertens, Héloïse et Basile, Suzy (2022). L'implication politique des femmes autochtones au Québec / Political involvement of Indigenous women in Quebec. Depositum. https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1514

[thumbnail of maertens-basile_2022-implication_politique_femmes_autochtones.pdf]
Prévisualisation
PDF
Télécharger (6MB) | Prévisualisation
[thumbnail of maertens-basile_2022_political_involvement_Indigenous_women.pdf]
Prévisualisation
PDF
Télécharger (6MB) | Prévisualisation

Résumé

Résumé
À l’époque précoloniale au Canada, les systèmes de gouvernance traditionnels des Peuples autochtones étaient basés sur la coopération, l’autonomie, la complémentarité et l’interconnectivité (Wesley Esquimaux, 2009). En ce qui concerne plus particulièrement les femmes autochtones, elles étaient autonomes et occupaient des fonctions essentielles au sein des systèmes de gouvernance autochtone. L’application de politiques coloniales est venue bouleverser leurs rôles (Basile, 2017). La Loi sur les Indiens de 1876 interdisait notamment aux femmes autochtones de participer aux activités politiques de leurs communautés, aux rassemblements publics, ainsi que de voter et de présenter leur candidature aux élections de leurs conseils de bandes (Anderson, 2009; Voyageur, 2011). L’objectif était de les reléguer à la sphère domestique, à l’instar des femmes européennes, et d’effacer leur pouvoir aussi bien dans l’organisation sociale et politique qu’au sein de la gouvernance locale et territoriale (Anderson, 2009). La Loi sur les Indiens faisait également en sorte que les femmes autochtones qui se mariaient avec un homme non-statué perdaient leur statut d’Indien ainsi que leurs droits de propriété dans la réserve. Il en allait de même pour les enfants issus de ces unions. À l’inverse, une femme blanche ou non autochtone obtenait le statut d’Indien en se mariant avec un homme statué (Simpson, 2016). La disposition de cette loi vis-à-vis de la transmission du statut avait un objectif clair d’assimilation. En effet, les femmes autochtones jouent un rôle central dans la transmission de la langue, de la culture et des valeurs (Basile et al., 2017) et couper les femmes et leurs enfants de leur communauté d’appartenance et de leur culture visait à diminuer progressivement la population des communautés et accélérer l’assimilation des Peuples autochtones à la société coloniale. La mobilisation politique des femmes autochtones est marquée par de multiples efforts, luttes et revendications pour récupérer leur statut. Des associations de défense des droits des femmes autochtones ont été créées, comme l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) en 1974, ainsi que les associations provinciales, telles que Femmes autochtones du Québec (FAQ) en 1974 également. La Loi sur les Indiens a finalement été amendée en 1985, donnant le droit aux bandes de créer leur propre code d’appartenance et permettant aux femmes autochtones de retrouver le statut qu’elles avaient perdu en raison de leur mariage avec un homme non-autochtone.

En ce qui concerne la participation des femmes autochtones à la vie politique, après qu’elles aient obtenu le droit de participer aux élections en 1951, il n’y avait que sept femmes cheffes et 107 conseillères sur 557 bandes au Canada en 1964 (Séguin, 1981). La Loi sur les Indiens a eu pour effet de valoriser et d’accroître les rôles des hommes au sein de la gouvernance, de l’économie et de la vie culturelle des communautés, alors que la participation des femmes à ces domaines a été amoindrie et dévalorisée (Barker, 2008). Ainsi, la domination masculine au sein des conseils de bande a fini par être normalisée et légitimée. Aujourd’hui, la situation tend à changer. En 2020, dans les communautés autochtones au Québec, il y avait 80 conseillères sur 236 (34%) et six cheffes sur 40 (15%) (RCAANC, 2020)1. À notre connaissance, il n’y a qu’une femme autochtone mairesse d’une municipalité au Québec, Senneterre-Paroisse en Abitibi-Témiscamingue (Poulin, 2021). À titre comparatif, en 2017 les femmes représentaient 26% des élues à la Chambre des Communes (Canada), 27% à l’Assemblée nationale (Québec) et 32% au niveau municipal québécois (Assemblée nationale du Québec, 2018; Notes de la Colline, 2019; Union des Municipalités du Québec, 2017).

Cette recherche découle du constat du peu de littérature disponible au sujet de la place des femmes autochtones dans les structures de gouvernance autochtones passées et actuelles au Québec. Des autrices se sont penchées sur les expériences et les raisons qui poussent les femmes autochtones à se lancer en politique, cependant, ces études datent de plus d’une décennie et ont principalement été menées dans l’Ouest canadien. De manière générale, le savoir expérientiel des femmes autochtones a suscité peu d’intérêt à ce jour et cette recherche veut contribuer à la réappropriation de ces savoirs (Gentelet, 2009; Smith, 2021).

Les objectifs de la recherche étaient les suivants :
- Documenter l’implication politique, passée et actuelle, des femmes autochtones au Québec;
- Dresser un portrait du leadership et des enjeux des politiciennes autochtones au Québec;
- Mettre en lumière les facteurs favorisant ou entravant la participation des femmes autochtones aux instances politiques;
- Élaborer des lignes directrices pour favoriser l’implication politique des femmes autochtones.

Abstract
In pre-colonial Canada, the traditional governance systems of Indigenous Peoples were based on cooperation, autonomy, complementarity and inter-connectedness (Wesley-Esquimaux, 2009). With respect to Indigenous women in particular, they were autonomous and held key positions within Indigenous governance systems. The introduction of colonial policies disrupted their roles (Basile, 2017). The introduction of the Indian Act of 1876 shut out women from any political activities within their communities, and forbade them from seeking office, voting or even speaking at public meetings (Anderson, 2009; Voyageur, 2011). The objective was to relegate them to the domestic space, like European women, and to erase their power in the social and political organization as well as in local and territorial governance (Anderson, 2009). The Indian Act also ensured that Indigenous women who married non-status men lost their Indian status and property rights on the reserve. The same applied to children born of these unions. On the contrary, a white or non-native woman obtained Indian status by marrying a status man (Simpson, 2016). The provision of this law regarding the transmission of status had a clear objective of assimilation. Indeed, Indigenous women play a key role in the transmission of language, culture and values (Basile et al., 2017) so isolating women and their children for their community of belonging and culture aimed at progressively decreasing community populations and accelerating the assimilation of Indigenous peoples into colonial society. The political mobilization of Indigenous women is marked by multiple efforts, struggles and demands to recover their status. In 1974 alone, two associations for the defence of Indigenous women’s rights were created, namely the Native Women’s Association of Canada (NWAC), and the Quebec Native Women (QNW) on the provincial level. The Indian Act was finally amended in 1985, giving bands the right to create their own membership codes and allowing Indigenous women to regain the status they had lost through marriage to non-Indigenous men.

As far as the involvement of Indigenous women in politics, after they gained the right to participate in elections in 1951, there were only seven women chiefs and 107 women Councillors out of 557 bands in Canada in 1964 (Séguin, 1981). The Indian Act has had the effect of valuing and increasing men’s roles in the governance, economic and cultural life of communities, while women’s participation in these areas has been diminished and devalued (Barker, 2008). In this way, male domination within band councils was eventually normalized and legitimized. Today, the situation seems to be changing. In 2020, in Indigenous communities in Quebec, there were 80 female Councillors out of 236 (34%) and six female chiefs out of 40 (15%) (CIRNAC, 2020) . To the best of our knowledge, there is only one Indigenous woman mayor of a municipality in Quebec, Senneterre-Paroisse in Abitibi-Témiscamingue (Poulin, 2021). By way of comparison, in 2017, women represented 26% of elected women in the House of Commons (Canada), 27% in the National Assembly
(Quebec) and 32% at the Quebec municipal level (Assemblée nationale du Québec, 2018; HillNotes, 2019; UMQ, 2017).

This research stems from the fact that there is little literature available on the place of Indigenous women in past and present Indigenous governance structures in Quebec. While some authors have examined the experiences and the reasons why Indigenous women enter politics, these studies are over a decade old and have been conducted primarily in Western Canada. In general, there has been little interest in Indigenous women’s experiential knowledge to date and this research aims at contributing to the reclaiming of this knowledge (Gentelet, 2009; Smith, 2021).

The objectives of the research were:
- To document the past and present political involvement of Indigenous women in Quebec;
- To provide a portrait of the leadership and issues of Indigenous women politicians in Quebec;
- To highlight the factors that promote or hinder the participation of Indigenous women in political bodies;
- To develop guidelines to promote the political involvement of Indigenous women.

Type de document: Rapport de recherche
Mots-clés libres: politique, implication, participation, femmes autochtones, lignes directrices, exclusion politique, Québec, politic, Indigenous women, Quebec, guidelines, political exclusion, involvement
Divisions: Chaires de recherche > Chaire de recherche du Canada sur les enjeux relatifs aux femmes autochtones
Études autochtones
Date de dépôt: 01 nov. 2023 13:26
Dernière modification: 07 janv. 2025 16:37
URI: https://depositum.uqat.ca/id/eprint/1514

Gestion Actions (Identification requise)

Dernière vérification avant le dépôt Dernière vérification avant le dépôt