Dynamique des communautés bryophytiques en pessière noire à mousses de l’ouest du Québec : Rôles des îlots résiduels post-feu.

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Barbé, Marion (2016). Dynamique des communautés bryophytiques en pessière noire à mousses de l’ouest du Québec : Rôles des îlots résiduels post-feu. (Thèse de doctorat). Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Repéré dans Depositum à https://depositum.uqat.ca/id/eprint/690

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Résumé

La conscientisation aux problématiques environnementales survenue il y a une trentaine d’années a engagé une refonte de la foresterie. Il s’agit alors de s’inspirer des patrons écologiques issus de la dynamique forestière naturelle. Sous l’égide de l’aménagement écosystémique, l’objectif principal de cette thèse est de rendre compte du rôle des îlots résiduels post-feu et des caractéristiques qui soutiennent ces rôles, dans la dynamique des communautés bryophytiques. Conjointement, nous ambitionnons d’améliorer les connaissances sur la dynamique des bryophytes en forêt boréale nord-américaine.
Les bryophytes furent échantillonnnées dans trois types de peuplement illustrant un gradient de sévérité de perturbation : forêts non perturbées témoins (données de C. Chaieb), îlots résiduels post-feu et matrices brûlées. La variété des microhabitats en bordure des îlots résiduels expliquerait leurs richesses en bryophytes. En revanche, l’absence de plusieurs espèces forestières sensibles aux perturbations ne permet pas de définir les îlots résiduels comme des refuges i.e., habitats aux caractéristiques environnementales et à la composition en espèces similaires à celle des forêts non perturbées. Cependant, les îlots résiduels de plus de 56 ans et 0.20 ha et de complexité structurelle modérée arboraient une communauté bryophytique plus similaire à celle des forêts non perturbées qu’à celles des matrices brûlées. La stratégie gagnante pour optimiser la richesse en bryophytes et maintenir les espèces sensibles consiste à imiter ces caractéristiques dans les îlots de rétention tout en conservant des peuplements forestiers non perturbés.
Dans les mêmes trois types de peuplements, en divisant les îlots résiduels en habitats de coeur (forêt à l’intérieur de l’îlot) et de bordure (zone de transition entre la matrice brûlée et le coeur de l’îlot), nous avons mis en évidence la réponse des bryophytes à l’effet de bordure. L’hypothèse comme quoi les vieux et larges îlots résiduels abriteraient des communautés plus similaires à celles des forêts non perturbées en raison de la moindre pénétration de l’effet de bordure à l’intérieur du peuplement est rejetée. Les îlots résiduels, même de 3 à 11 ha, étaient dépourvus de coeur. Ce changement de communauté face à la création de bordures est naturel, ouvrant à la discussion quant à l’interprétation de la réponse des espèces à la création de bordures anthropiques.
En comparant la communauté bryophytique des îlots résiduels et des matrices brûlées aux espèces présentes dans la pluie de propagules aériennes interceptées dans les mêmes habitats, nous avons démontré leur non-concordance. La faible similarité entre ces communautés était expliquée par la prépondérance du transport à longue distance des propagules. Ce résultat suggère que les îlots résiduels, comme sources de propagules potentielles, ont une influence sur la recolonisation de la matrice brûlée à l’échelle locale, mais surtout régionale. Nous insistons donc sur la nécessité de penser l’aménagement forestier à l’échelle régionale, et rapportons l’occurrence d’un processus controversé chez les bryophytes : la dispersion à longue distance.
La dépendance accrue des bryophytes aux conditions environnementales est un fait avéré. Pourrait-elle expliquer les patrons interannuel et intersaisonnier des pluies de propagules aériennes interceptées en pessière noire ? Oui, et la dispersion des propagules serait impactée par les conditions environnementales (principalement la température, l’humidité et la durée de l’hiver) concomitantes au relargage des propagules, mais aussi en amont de la libération des propagules (durant les phases de fertilisation et de croissance/maturation du gamétophyte). Cette étude préliminaire et ponctuelle recquiert d’être complémentée par des études à plus long terme. Cependant, elle représente une avancée considérable dans la compréhension des patrons de dispersion des espèces, sujet de première importance dans le contexte des changements globaux.
Pour poursuivre, nous avons étudié le recours, par les bryophytes, à des agents biotiques de dispersion. Le brossage de micromammifères capturés en pessière noire a permis de démontrer que 50 % d’entre eux transportaient des propagules viables de bryophytes. La dynamique métapopulationnelle des bryophytes est assurée par cette interaction journalière avec les micromammifères, qui contribueraient à la dispersion d’une quantité substantielle de propagules.
Nous concluons en actualisant la Flore des bryophytes du Québec-Labrador et en redessinant l’aire de répartition de 35 bryophytes, dont 20 nouvelles pour notre région d’étude. L’extension de l’aire de répartition de ces espèces renvoie à la nécessité de poursuivre les campagnes d’échantillonnages bryologiques, d’autant plus dans des endroits riches d’une bryoflore aussi remarquable que la pessière noire, où chercher une mousse revient un peu, avouons-le, à chercher une aiguille dans une botte de foin !
À l’issue de cette thèse, nous soulignons le bénéfice d’étudier les bryophytes afin de s’inspirer des patrons de perturbations naturelles et de mitiger les impacts délétères des coupes forestières sur l’écosystème. Un soin particulier quant à la conception des îlots résiduels à l’échelle locale, mais aussi quant à leur agencement à l’échelle du paysage est requis pour conserver une bryo-diversité maximale. Ces conclusions soulèvent, de plus, l’impérieuse nécessité de préserver des peuplements forestiers âgés et continus pour conserver les espèces sensibles aux perturbations et à haut risque d’extirpation. Maintenir la bryoflore en forêt boréale exploitée est le prérequis indispensable à la régénération optimale des peuplements et à la résilience de cet écosystème, patrimoine naturel des plus remarquable de l’Amérique du Nord.

Type de document: Thèse ou mémoires (Thèse de doctorat)
Directeur de mémoire/thèse: Fenton, Nicole
Mots-clés libres: Bordure, cryptograme, dispersion, distribution, diversité, forêt, boréal, foresterie, mousse.
Divisions: Forêts > Doctorat en sciences de l'environnement
Date de dépôt: 22 févr. 2017 15:41
Dernière modification: 22 févr. 2017 15:41
URI: https://depositum.uqat.ca/id/eprint/690

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