Participation sociale et solidarités intergénérationnelles : une synthèse des connaissances sur la contribution des aînés autochtones au mieux-être des personnes et des communautés

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Viscogliosi, Chantal, Asselin, Hugo, Basile, Suzy, Borwick, Kimberly, Couturier, Yves, Drolet, Marie-Josée, Gagnon, Dominique, Obradovic, Natasa, Torne, Jill, Zhou, Diana et Levasseur, Mélanie (2017). Participation sociale et solidarités intergénérationnelles : une synthèse des connaissances sur la contribution des aînés autochtones au mieux-être des personnes et des communautés. (Rapport ). Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Repéré dans Depositum à https://depositum.uqat.ca/id/eprint/733

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Résumé

Les services publics actuels montrent des effets limités dans leur réponse aux besoins et aux enjeux complexes de mieux-être vécus par les peuples autochtones. Afin d’utiliser des approches holistiques misant sur les forces des individus et des communautés, l’implication des aînés autochtones peut contribuer à répondre à ces besoins, à surmonter leurs enjeux vécus et à développer le mieux-être. L’objectif de cette synthèse des connaissances visait à mieux comprendre les caractéristiques de la participation sociale des aînés autochtones et des solidarités intergénérationnelles ainsi que leurs influences sur les différentes dimensions du mieux-être des personnes et des communautés. Un comité consultatif composé d’utilisateurs de connaissances a été impliqué tout au long de la recherche. En plus de la recherche dans les bases de données, 17 entrevues individuelles avec des aînés autochtones et six café-rencontres ont été réalisés dans des communautés de huit nations (Abénaquis, Anishnabek, Atikamekw, Huronne-Wendat, Innue, Mohawk, Inuite, Crie) notamment pour l’identification de documents.

Pour la recherche d’écrits scientifiques, quatorze banques de données ont été utilisées à partir de 58 mots-clés. Deux étudiantes de recherche supervisées par la chercheure principale ont vérifié l’admissibilité de chacun des documents. Sur les 143 documents rencontrant les critères d’inclusion, 73 proviennent des écrits scientifiques. La plupart des articles scientifiques recensés ont utilisé une méthodologie qualitative (n=60). Six revues systématiques ou recensions d’écrits ont été incluses. Parmi les autres écrits scientifiques, à l’exception d’un article ayant utilisé un devis pré-expérimental pour évaluer l’efficacité d’une intervention, tous avaient utilisé un devis transversal. Les documents de la littérature grise sont des rapports gouvernementaux ou d’organismes ainsi que des livres, des courts métrages, des entrevues audios et des jeux vidéos produits par des communautés autochtones ou des organismes autochtones ou oeuvrant avec les peuples autochtones. Une grille d’analyse bâtie à partir de la Classification internationale du fonctionnement, de l’incapacité et du handicap de l’Organisation mondiale de la santé a été développée pour codifier les documents. Enfin, plusieurs stratégies de mobilisation des connaissances rejoignant les différents profils d’utilisateurs sont utilisées (p. ex., articles scientifiques et non scientifiques, présentations dans des colloques et congrès ainsi que dans des activités auprès d’un public non scientifique, boîte à outils).

Bien que les contextes de contribution des aînés au mieux-être des communautés varient entre les nations et les communautés autochtones, cette synthèse des connaissances montre que dans l’ensemble, la participation sociale des aînés autochtones ainsi que les solidarités intergénérationnelles se réalisent dans les domaines de la vie sociale, communautaire et civique, par l’implication dans des emplois ou du bénévolat ainsi que par la réalisation d’activités traditionnelles. La contribution des aînés autochtones se manifeste à travers leurs relations et interactions par différentes formes de communication. En effet, les aînés contribuent au mieux-être individuel et collectif entre autres par leur participation en tant que conférenciers et écrivains, par leur implication dans les écoles et des comités ainsi que par la transmission des savoirs et savoir-faire traditionnels (p. ex., pêche, chasse, artisanat, danse, utilisation de plantes médicinales). Ils contribuent à la transmission des connaissances et des valeurs traditionnelles par des enregistrements vidéos, la sensibilisation dans les milieux de travail et les écoles avec les allochtones, des témoignages ainsi que la transmission de contes et légendes. Enfin, ils organisent et participent aux cérémonies, aux journées culturelles, à l’enseignement spirituel et à des manifestations. Les aînés autochtones contribuent sur le plan familial et participent aux instances locales, régionales, provinciales et nationales.

Les principaux bénéfices de la contribution des aînés autochtones concernent le maintien des relations interpersonnelles, familiales et conjugales, le soutien formel et informel ainsi que la santé physique et mentale. Plus spécifiquement, les bénéfices répertoriés concernent la cohésion sociale, la réciprocité, le fait de bénéficier de conseils ainsi que la promotion de la santé et la prévention des maladies. Les aînés autochtones contribuent à influencer le développement de la résilience, des forces, de l’autonomie et de la persévérance, ainsi qu’à l’enseignement de la langue, des valeurs, des règles de vie et de savoir-faire traditionnels. Enfin, la participation sociale des aînés autochtones contribue au développement de produits notamment didactiques (p. ex., DVD d’artisanat), culturels (p. ex., courts métrages) et spirituels (p. ex., tente de sudation) ainsi qu’aux services, aux systèmes et aux politiques (p. ex., revendication territoriales et défense des droits, création d’un réseau télévisé).

Certaines contributions des aînés ressortent davantage dans la littérature grise que dans les écrits scientifiques, alors que d’autres n’apparaissent que dans la littérature grise. Par exemple, en santé et services sociaux, la co-animation de thérapies et la contribution des aînés aux grossesses et aux accouchements ainsi qu’à la prévention des abus sexuels ne ressortent que dans la littérature grise. Sur les plans juridique et politique, leur contribution au développement des programmes de réinsertion en emploi pour les prisonniers, à des associations de défense des droits ainsi que leur apport en tant qu’expert pour les ministères ou lors de crises sont d’autres exemples uniquement mentionnés dans la littérature grise. Leur contribution à l’approche philosophique des programmes d’enseignement ne ressort pas non plus dans les écrits scientifiques. Sur les plans environnemental et communautaire, leur implication dans des instances visant la délimitation des aires protégées et l’aménagement des espaces ruraux, le développement de politiques de sécurité sociale et de protection civile ainsi que la sensibilisation du public aux réalités autochtones ne ressortent que dans la littérature grise. Enfin, certains bénéfices que la contribution des aînés autochtones entraîne sur le plan des attitudes et des comportements (gestion de la colère, conscience collective, patience, dignité, capacités d’adaptation) sont uniquement documentés dans la littérature grise.

Bien que plusieurs documents aient été inclus dans cette synthèse des connaissances, peu d’écrits scientifiques ont utilisé des dispositifs permettant de démonter l’effet de la contribution des aînés autochtones au mieux-être des personnes et des communautés. De plus, plusieurs variables signifiantes pour les peuples autochtones notamment relatives au développement d’attitudes positives pour le mieux-être n’ont pas été incluses dans ces recherches. Ainsi, les organismes prestataires de services, les décideurs et les chercheurs devraient établir des partenariats avec les communautés pour évaluer des contributions des aînés autochtones qui n’apparaissent que dans la littérature grise sans avoir été évaluées en recherche. Pour ce faire, des opportunités accrues en recherche partenariale doivent mesurer les variables les plus signifiantes pour les peuples autochtones en regard des différentes composantes du mieux-être. Puisque les peuples autochtones accordent autant d’importance aux processus qu’aux résultats, les recherches futures devraient utiliser davantage des devis mixtes permettant non seulement d’évaluer les effets de la contribution des aînés (volet quantitatif), mais également d’en comprendre les processus (volet qualitatif). De plus, comme la langue et l’identité sont des enjeux importants pour lemieux-être, ces deux aspects devraient toujours être considérés dans les recherches et dans les actions concrètes. Par ailleurs, afin de bien comprendre l’évolution du mieux-être en fonction de la contribution des aînés autochtones, les opportunités de recherche doivent privilégier des devis longitudinaux. Ainsi, des approches partenariales avec les peuples autochtones soutiendraient leurs savoirs, leur créativité et leurs forces et leur apporteraient des retombées concrètes puisqu’ils ont souvent participé à des recherches, sans avoir l’opportunité d’en bénéficier directement.

Afin de miser sur le partage de pratiques exemplaires reconnues et valorisées par les peuples autochtones, les instances oeuvrant auprès d’eux devraient davantage se concerter. Conséquemment, dans le développement, l’implantation et la prestation de soins, de services et d’interventions pour les peuples autochtones, les organisations des secteurs publics et communautaires devraient inclure des aînés ou représentants autochtones. Les services devraient être développés dans une approche holistique du mieux-être en misant sur le développement des forces plutôt que de cibler des enjeux de façon décontextualisée. Ainsi, les aînés et représentants autochtones devraient être impliqués dans la formation du personnel gestionnaire ou intervenant auprès des individus et des groupes afin d’assurer une offre de services favorisant la compétence culturelle des intervenants et la sécurité culturelle des peuples autochtones. De plus, afin d’assurer la continuité dans la transmission des savoirs ainsi que des valeurs, de la langue et de l’identité culturelle collective, les aînés devraient également travailler en collaboration avec les plus jeunes. Pour ce faire, les enjeux de communication intergénérationnelle et transculturelle méritent une importance particulière. Enfin, il s’avère essentiel d’assurer la pérennité d’actions ayant montré des effets positifs au plan du mieux-être et qui actuellement, faute de ressources financières, ne sont pas poursuivies.

Type de document: Thèse ou mémoires (Rapport )
Directeur de mémoire/thèse: Asselin, Hugo
Mots-clés libres: sociologie, autochtone, solidarité, intergénérationnelle, connaissance, communauté
Divisions: Sciences humaines > Maîtrise en sciences humaines et sociales
Date de dépôt: 06 déc. 2017 13:32
Dernière modification: 25 avr. 2018 14:46
URI: https://depositum.uqat.ca/id/eprint/733

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